Cela n’aura échappé à personne : depuis l’arrivée des applications Merkaat, puis Periscope début 2015, la vidéo live sur mobile se développe à vitesse grand V. Si le pionnier Merkaat à rapidemment jeté l’éponge, c’est qu’en face de lui se dresse des géants comme Twitter via Periscope, Facebook Live (maintenant accessible au commun des mortels via Facebook) et prochainement Youtube Connect.
La vidéo live en toute simplicité
Ce qui caractérise la plupart des applications de vidéo live iPhone et Android, c’est leur simplicité d’utilisation. Si les vidéastes sur iPhone se tournaient vers l’application Filmic Pro pour son florilège de réglages manuels et professionnels, le Periscopeur ou autre streamer sur smartphone utilise l’application native sur laquelle il fait son live. Que ce soit Facebook ou Periscope, on peut faire un live en vidéo comme on prend une photo : c’est extrêmement simple (voir la présentation de Periscope). Que les plus expérimentés d’entre vous se rassurent, ces applications bénéficient de mises à jour régulières offrant de plus en plus de possibilités (filtres, réglages du diaph, mise au point manuelle, etc.). En outre, Mark Zuckeberg a annonçé, lors de sa conférence annuelle F8, l’arrivée d’une API pour Facebook Live. L’idée est d’ouvrir le stream vidéo à d’autres applications et devices connectés embarquant une caméra et du son. Une démo a été faite avec un drône DJI Phantom et la diffusion en live de sa caméra embarquée.
La vidéo devient sociale et interactive
Le second point fort de ces applications de vidéo live consiste en une intégration très forte de la sociabilité : via vos abonnés ou amis sur Facebook live, et via vos followers sur Periscope. Vos viewers laissent messages, coeurs et interactions sur ce que vous filmez. En un clic ou un partage, il propose à leur propre followers de suivre votre live. Le potentiel viral est énorme ! Pour le créateur du live, en plus de filmer et commenter, il devient le community manager de sa vidéo !
Si la vidéo en live est tant sociale, c’est aussi parce qu’elle propose un contenu sans filtre. C’est une expérience partagée à un instant t sans montage. Si les images sont orientées, elles ne mentent pas. A contrario, il est plus compliqué de synthétiser ou vérifier une information. On a une vue subjective. Il n’y a pas le recul d’un sujet vidéo monté et construit.
Vidéo verticale, carré ou classique ?
Dernier point intéressant : ces applications cassent les codes de la vidéo classique en proposant le choix de la vidéo verticale sur Periscope, de la vidéo carré sur Facebook Live. Bien que peu naturel pour la vision humaine, ce type de vidéo prend son sens en consultation mobile en laissant de la place aux messages et interactions. Si la vidéo carrée, démocratisée par Instagram, s’intègre bien sur les ordinateurs de bureau, la vidéo verticale (Periscope, SnapChat) reste-elle plus compliquée à appréhender pour l’instant sur un écran classique.
Il faut noter que certains médias utilisent Facebook Live pour retransmettre en direct leurs émissions ou des vidéos classiques en 16/9. Ils utilisent pour cela un PC ou Mac avec un logiciel « mélangeur » comme Twich, Wirecast ou OBS (gratuit) qui permet de mélanger différentes sources vidéo/photo/screencapture/audio et de diffuser le flux via Facebook Live (ou Youtube, etc.).
Remy Buisine réunit 80000 personnes en live sur Periscope
On découvre dans cette vidéo Rémy Buisine, un jeune community manager de 25 ans, qui couvre depuis quelques mois des événements sur Paris en live. Ce jeune Periscopeur a fait sauter (il paraît) les serveurs de Periscope le dimanche 3 avril en diffusant un live depuis la place de la République : sa retransmission du rassemblement #nuitdebout à réunit à son plus fort 80000 personnes en live et a été visionné en parti plus de 300000 fois en replay !
« Un iPhone 6 et le micro-casque de l’iPhone ! »
Quand je demande à Rémy Buisine le matériel qu’il utilise, sa réponse est simple : un iPhone 6, une housse à rabat et le casque micro de l’iPhone ! Autant dire que n’importe qui peut créer sa vidéo live sans contrainte technique majeure. Il faut cependant avoir une bonne connection et un forfait généreux en data ! Pour le reste, ce sont les images de l’événement, la pertinence du vidéaste commentateur (ou journaliste citoyen) et la magie du live qui opèrent.
Facebook Live ou Periscope ?
Il n’y a pas de meilleure application à proprement dit. Par contre, en fonction du contexte et de votre stratégie il est pertinent de choisir l’une ou l’autre.
Si votre audience est massivement présente sur Facebook, il est plus logique d’y faire vos lives. Idem pour Twitter et Periscope. On remarque ainsi que les médias privilégient Facebook tandis que les personnalités préfèrent Periscope. Par exemple, on verra facilement les coulisses de « The Voice » à travers ses « stars » comme Nikos et Mika sur leur Periscope. En revanche, les vidéos officielles de l’émission seront diffusées sur le compte Facebook de l’émission. On retrouve la même segmentation que pour du contenu classique où le média (ou journal) sera « plus fort » sur Facebook tandis que le journaliste de ce média sera lui « plus fort » sur Twitter.
Rien ne vous empêche d’avoir une stratégie de conquête en mettant en place un plan pour l’une ou l’autre plateforme. Il faut noter que Periscope étant plus ouvert (par rapport à votre communauté de base), il est potentiellement plus trash au niveau des commentaires. Pour ceux qui optent pour Facebook, il bénéficieront de la mise en avant du contenu natif (dont la video live fait parti) dans les fils d’actus de leurs abonnés : concrètement leur live sera beaucoup plus vu qu’un simple lien vers un contenu classique.
Filmer avec un iPhone ou un smartphone Android ?
A priori, chacun fera son live vidéo avec le téléphone qu’il possède. Mais la question se pose si vous décidez de changer de smartphone ou d’investir. En terme de qualité vidéo sous iOS, on aura 2 devices sur le podium : l’iPhone 6S et l’iPhone SE à égalité. Sous Android, on peut louer la qualité vidéo supérieure du Samsung Galaxy S7. Sa grande sensibilité en basse lumière le prépare mieux à filmer en intérieur ou de nuit. Si l’iPhone n’est pas le meilleur en terme de rendu, il bénéficie d’autres avantages non négligeables :
La chronologie des applications
Pour la plupart, les applications sont développées et mises à jour d’abord sous iOS. Ce fut le cas pour Periscope accessible pendant plusieurs mois uniquement au possesseurs d’engin iOS. Sous Android, la fragmentation de l’OS avec les différentes versions et la multitude de smartphones (avec chacun des spécificités) rend le développement plus compliqué.
Les accessoires
Grâce à une gamme restreinte de téléphones (d’OS et de design), les constructeurs peuvent plus facilement développer des accessoires tiers autour des devices iOS. L’iPhone bénéficie de nombreux accessoires en vidéo avec des objectifs, des micros et des adaptateurs dédiés. Cela dit, on trouve aujourd’hui des accessoires universels (micro, objectifs, rig) pour la plupart des téléphones Android récents.
Au final, à moins d’avoir des besoins vraiment spécifiques, vous devriez pouvoir faire un live quelque soit votre famille iOS ou Android ! Notons aussi, qu’en terme de qualité, les applications live type Périscope ou Facebook Live diffusent en de ça de la HD 720p. Mais meilleure est la qualité au départ, meilleur sera le rendu à l’arrivée, à condition d’avoir une connection Wifi/4G suffisante.
Filmer des images comme un professionnel
Si la vidéo live est accessible au commun des mortels, il existe en revanche de nombreuses solutions pour embellir, améliorer ou faire différemment vos live. Par contre, rien ne remplacera l’expérience ou la technique d’un opérateur de prise de vue ni l’instinct d’un vidéaste expérimenté.
Stabiliser votre vidéo live
Rien de plus désagréable qu’une image qui bouge tout le temps ou qui sursaute. Pour éviter cela, il est préférable d’investir dans un système de stabilisation. Vous pouvez également utiliser vos mains délicates autour du téléphone, mais cela risque de devenir rapidement fatiguant ! On s’est habitué à l’image « sale » lors d’événements exceptionnelles ou de breaking news, par contre ça se justifie beaucoup moins si vous interviewé quelqu’un ou filmer quelque chose dans des conditions calmes et posées.
- Le trépied : pour filmer une interview ou un plan fixe, il est indispensable. Il en existe des grands sur pieds, de petits légers et repliables, ou encore d’autres sous forme de bras articulés se fixant n’importe où. Cette config nécessite un support pour smartphone qui se visse au pied.
- La poignée, la perche à selfie ou le monopod : cela vous permet d’avoir une poignée surlaquelle vous disposerez le téléphone. La stabilisation devient plus facile et moins fatiguante sur la durée. La perche à selfie peut être utilisée comme poignée et également comme perche pour filmer plus haut ou s’autofilmer via la caméra en façade. Ultime avantage, vous pouvez déplier votre perche pour en faire une sorte de monopod afin de filmer plus stable (en interview par exemple). Ces configs nécessitent également un support pour smartphone qui se visse dans un filetage standard type trépied.
- Les stabilisateurs motorisés (ou Gimbal) : ils fleurissent de partout depuis 2 ans et permettent une stabilisation parfaite de l’image. Par contre c’est légèrement plus encombrant et avec une autonomie limité de 1 à 2 heures pour certains modèles. J’utilise personellement le Smooth C de Zhiyun : c’est un bon compromis entre l’autonomie de plusieurs heures, la qualité de la stabilisation et la possibilité de diriger la prise de vue via un joystick. Il existe aussi des steadycam mécaniques, non motorisé, mais leur encombrement et le temps passé à les calibrer ne sont pas vraiment compatibles avec une session de vidéo live.
- Les boitiers spécialisés : ce sont des sortes de « cases » pour smartphone designées pour la vidéo avec un bonne prise en main (comme une caméra ou un appareil photo). Elles disposent en générale d’emplacements dédiés à la lumière d’appoint, au micro ou des objectifs.
Les objectifs grand angle
Si la caméra en façade des smartphones est souvent grand angle, la caméra arrière, celle que vous utiliserez dans la majeure partie des cas ne l’est pas. Il devient alors intéressant d’élargir l’angle de vision de la caméra embarquée. Lors d’interview, cela permet de capter un intervenant trop proche. Cela est d’autant plus pertinent si vous filmez en vidéo verticale avec un angle de vision restreint. Il existe différents objectifs à différents prix. Attention tout de même à ce qu’il soit pratique à l’usage pour ne pas qu’il devienne un handicap. L’autre point à vérifier c’est la qualité de l’optique : certains modèles médiocres peuvent altérer fortement l’image sur les cotés et baisser la sensibilité de votre système. J’utilise depuis de nombreuses années l’OlloClip (sur iPhone) : il n’est pas parfait, mais rempli son rôle dans de bonnes conditions lumineuses.
Le son et les micros externes
En règle général, le son est souvent mis de coté au profit de l’image. Lors d’une video live, avec voix et ambiance sonore, il est primordial d’y prêter un minimum d’attention. La solution de Rémy Buisine (voir la vidéo plus haut) fonctionne de manière satisfaisante : micro interne de l’iPhone pour l’ambiance et le micro casque (de l’iPhone) pour les commentaires et interview. Avec un kit pieton bluetooth, vous pourriez même accèder au coté HF et sans fil pour une meilleure liberté de mouvement, mais il semblerait que les applis live (et de caméra) ne soit pas encore compatible ! En fonction de votre live et du résultat désiré vous pouvez également opter pour des micros externes pour accroitre la qualité ou le rendu.
- Le mini jack TRRS vs TRS : Si la plupart des smartphones possède une prise mini-jack pour l’option main libre ou le casque, il faut bien comprendre qu’il s’agit d’un prise particulière appelé TRRS à 4 conducteurs. Contrairement a un casque classique qui utilise le TRS (à 3 conducteurs). Le 4ème conducteurs de la prise TRRS sert à faire passer la piste micro en mono. Si pour la partie casque, les 2 normes TRRS et TRS sont compatibles, ce n’est pas le cas pour le micro ! En clair, si vous possédez un micro en mini-jack, il ne fonctionnera pas directement en le branchant dans la prise mini-jack TRRS de votre iPhone ou smartphone Android.
- L’adaptateur TRS vers TRRS pour vos micros mini-jack : si vous possédez déja un micro en mini-jack, vous pouvez opter pour cette adaptateur afin de le rendre compatible. Il va router le micro (en mono) vers la bonne connectique du TRRS. Cela fonctionne avec les nombreux micros bon marché (cravattes, mains et canons) déjà alimentés et disposant d’une connectique mini-jack classique (TRS). Cela fonctionnera également avec les modules HF qui ont, pour la plupart, un réglage du gain en sortie vous permettant de l’adapter au niveau encaissé par l’iPhone.
- Les micros TRRS ou micro iPhone : Ce sont des micros conçus directement pour les iPhone et la plupart des Android récents (compatible TRRS). C’est la solution plug-and-play a privilégier pour les néophytes. Ce ne sont pas des micros de grandes qualités mais suffisants pour obtenir un son clair et isolé lors d’une vidéo live. Ils existent en version cravatte ou micro main.
- Les micros Lightning : la prise lightning de l’iPhone permet l’accès à la stéréo et à des couples de micros plus perfectionnés, à l’image des enregistreurs numériques. Attention, on est ici dans de la prise de son plutôt orienté musique ou ambiance. Cela ne remplace pas un micro main lors d’interview avec une ambiance bruyante. Cela ne remplace pas non plus la présence d’un micro cravatte proche du speaker. Pour les posseceurs de l’iPhone 7 (sans prise casque), il existe également des micros voix en lightning ou alors l’iRig Pro (voir plus bas) pour brancher un micro classique. A noter pour finir, qu’avec l’adaptateur lightning/USB, on peut jouir de micro HF USB très bon marché et même de certains micros voix USB. Attention cependant, si vous décidez d’utiliser la prise Lightning de votre téléphone, vous ne pourrez pas brancher de batterie externe lors de long live.
- L’iRig Pre (ou l’iRig Pro) pour les micros professionnels : l’iRig Pre est ce qu’on appelle un préampli micro. Il permet de brancher n’importe quel micro XLR dans l’iPhone. Il dispose d’une alimentation 48V et d’une molette de gain qui vous permettra de régler le volume de sortie (et d’entrée dans l’iPhone). Idéal pour utiliser vos micros pro si vous en possédez. L’irig Pre se branche dans la prise casque (TRRS) tandis que l’iRig Pro utilise la prise lightening de l’iPhone.
Vous pouvez aussi opter pour une solution complete stabilisation/audio comme l’Iklip (boitier spécialisé présenté plus haut). Mais avant d’investir dans une solution « chère » ou un micro, il est indispensable de bien réfléchir à vos besoins. Entre les micros main, cravattes, voix, de prise de son musique ou canon, il y a un large choix avec des directivités bien différentes. Pour faire du micro-trottoir par exemple, on priviligiera un micro main; pour faire des interviews posés, un micro-cravatte plutôt directif (cardioïde ou super-cardioïde); pour suivre quelqu’un avec de l’ambiance, on prendra un cravatte omni ou un canon.
Quel que soit la solution externe retenue, vous devez savoir que le reconnaissance de votre micro par l’iPhone est capricieuse. Concrêtement le niveau d’entrée automatique de l’iPhone peut vous amener à avoir un son saturé ou trop faible. La technique pour éviter ce genre de mésaventures est de rebrancher le micro un fois l’application vidéo ouverte, ou alors de vérifier les niveaux avec une appli son (comme iRig Recorder Free).
Quelques accessoires en plus à mettre sans son sac
En fonction de vos envies et de vos besoins, il y a encore d’autres accessoires pour parfaire la panoplie du reporter mobile.
- La torche ou la minette : il s’agit d’une lumière d’appoint, l’équivalent du flash pour la photo. Elle vous permettra de décrocher un sujet et de filmer en basse luminosité ou de nuit. Mieux vaut la prendre réglable en luminosité. Attention, ce type de lumière n’éclaire que quelques mètres devant vous. Il faudra prendre soin, pour éviter de trop voir le cône lumineux, de prendre une lumière avec un angle de diffusion large. Vous pouvez également mettre un diffuseur devant (du papier calque ou de la « diff »). Pour solidariser cette lumière à votre équipement mobile, il faudra passer par un Rig spécial ou une barre qui déporte le flash. Il existe aussi de petites lumières plugables directement à l’iPhone… à tester.
- La barrette de flash (ou de micro) : c’est une barre qui se fixe à votre poignée ou votre trépied. Elle vous permet d’un coté de mettre votre smartphone (via un l’adaptateur de smartphone) et de l’autre d’embarquer un lumière d’appoint ou un micro canon par exemple. Elle peut remplacer un Rig pour beaucoup moins cher
- Utiliser plusieurs micros et un retour son : le Rode SC6 est un adaptateur qui se branche dans le mini-jack TRRS de votre smartphone. Il accueille 2 entrées micros (TRRS) ainsi qu’une prise casque pour le retour son. Même si la solution est séduisante, je n’ai jamais réussi à avoir un son audible (testé avec 2 micros différents dont un Rode). Pour accueillir encore plus de sources sonores, il faudra passer par plusieurs smartphone (avec chacun un micro). Ou alors avec une mixette externe portable : en la raccordant via le cable Rode SC4 (TRS->TRRS) à votre smartphone.
- La batterie portable : utiliser l’appareil photo et la connexion internet de votre smartphone est énergivore. Donc Il est conseillé de vous munir d’une batterie USB d’appoint. Elle vous épaulera si le live venait à se prolonger.
Bon live en video à tous. N’hésitez pas à laisser un commentaire, échanger ou poser une question. A noter que Facebook live est disponible sur ordinateur. Vous pouvez diffuser en 16/9eme à partir de sources vidéos connectées à votre ordi (webcam, carte d’acquisition, etc.). Il faudra passer par un logiciel type mélangeur vidéo comme OBS (gratuit). Si la technique permet de belle chose, l’essentiel reste ce que vous filmez et commentez ! Je reste à disposition pour vos projets professionnels (me contacter sur Linkedin).